Desserte TGV : des lendemains douloureux pour Quimperlé ?

De Paris à Rennes : 1h24 ! Et après ?

Le gouvernement, suite à la position du Président Macron sur les lignes à grande vitesse (1er juillet lors de l’inauguration du tronçon Paris-Rennes), entend mettre en œuvre dès 2018 une réforme qui pourrait se traduire par la suppression d’arrêts du TGV dans les villes moyennes.

Et Quimperlé ? La vigilance s’impose dès maintenant et il appartient aux élus et aux habitants du territoire de se mobiliser.

Alain Kerhervé

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Les villes moyennes vent debout contre les projets du gouvernement

Le gouvernement envisage-t-il de réduire le nombre de villes desservies par le TGV ? C’est l’impression très nette que ressentent les élus après l’installation de la mission Spinetta, qui aura notamment pour tâche, d’après la lettre de mission d’Édouard Philippe, de préciser « pour les services à grande vitesse, le modèle de desserte à privilégier ».

Élisabeth Borne, la ministre des Transports, n’a rassuré personne à ce sujet lors de diverses interventions ces derniers jours. Une formule a particulièrement déplu à un certain nombre d’élus des villes moyennes : la ministre, voulant justifier l’idée que le TGV n’était pas fait pour desservir les villes moyennes, a déclaré : « À un moment, il faudra faire des choix. (…) On ne dessert pas Brive avec un A380 ». (Notons au passage qu’au grand dam des élus de la région de Brive, cette ville n’est précisément pas desservie par un TGV depuis Paris, mais par un train Intercités.)

L’association Villes de France a aussitôt réagi par un communiqué : « Villes de France apprend avec stupéfaction que le réseau des gares TGV va être profondément remanié, (…) et déplore que l’État opte pour un système ferroviaire à deux vitesses, conçu sur un modèle origine-destination de métropoles à métropoles, au mépris du reste du territoire ». « Au nom de tous les maires concernés », Caroline Cayeux, la présidente de Villes de France, a demandé un rendez-vous en urgence à la ministre.

Au-delà de la question de la desserte TGV, la mission confiée par le Premier ministre à Jean-Cyril Spinetta paraît extraordinairement ambitieuse. La longue lettre de mission d’Édouard Philippe liste les « solutions » que devra trouver l’ancien patron d’Air France, dont : une réflexion sur les modes de transport alternatifs au ferroviaire pour les dessertes locales, un nouveau modèle économique pour « résorber le déséquilibre économique du système ferroviaire », une « nouvelle tarification », des « nouvelles modalités de prise en charge de la dette » de la SNCF, sans oublier la question de l’ouverture à la concurrence du réseau ferroviaire, « les conditions de transfert des salariés » de la SNCF vers des opérateurs privés, le sort du matériel roulant et des ateliers de maintenance actuellement dévolus aux régions, « la gestion de l’information voyageur et de la billettique »… et l’on en passe. Et tout cela en trois mois, puisque Jean-Cyril Spinetta doit rendre sa copie « au moins de janvier 2018 ».

Autrement dit, l’ancien patron d’Air France a trois mois pour résoudre des questions sur lesquelles les trois derniers gouvernements se sont cassé les dents. On comprend qu’avec un certain sens de l’humour, Jean-Cyril Spinetta ait estimé en conférence de presse que « le délai qui (lui) est imparti n’est pas excessif ».

Nul doute que le gouvernement prévoit de se servir du rapport de Jean-Cyril Spinetta comme base pour son « projet de loi d’orientation des mobilités », qui doit être présenté avant le mois de juin prochain. Un texte qui, selon le gouvernement, promet d’être aussi ambitieux que la Loti (loi d’orientation des transports intérieurs) de 1982.
D’ici là, la question de la desserte des villes moyennes reviendra certainement sur le tapis, les maires des villes concernées n’était visiblement pas prêts à se laisser dépouiller de leur desserte TGV, pour retomber dans un enclavement dont elles ont eu tant de mal à sortir.

Source : AMFD

 

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