« Arrêtez d’emmerder les retraités »

Telle est maintenant la consigne Élyséenne. Satisfaction !

Le gouvernement doit la prendre en considération, sans mettre en cause la nécessaire réforme des retraites annoncée.

Hier soir, autour d’une table, un ami (qui m’est très cher !) m’a suggéré de préciser ma position sur ce problème. Je le fais donc volontiers.

Il convient d’aborder ce sujet sur deux aspects.

  • Le premier concerne les retraités d’aujourd’hui.

Le mode de calcul ne va pas changer avant 2025 *

Le principe même de la retraite par répartition qui découle notamment des mesures adoptées à la libération dans le cadre du programme du CNR (Conseil National de la Résistance) est basé sur une équation simple. Les actifs d’aujourd’hui cotisent au régime de retraite, fonds utilisés pour payer les retraités actuels. Ces retraités ayant aussi, lorsqu’ils travaillaient, payé pour la génération précédente.

Les droits acquis avant 2025 seront conservés à 100% *

Sur le fond, à partir de ce système par répartition, un « contrat moral » a été passé avec chacun des actuels retraités : pas de remise en cause du pouvoir d’achat. Or deux mesures ont été adoptées ces derniers temps : l’augmentation de la CSG et la suppression de l’indexation de la pension sur l’augmentation des prix. Pour certains, la suppression partielle des APL n’a fait qu’aggraver la situation.

Le pouvoir d’achat des retraités actuels est donc en berne, et je suis totalement convaincu que le gouvernement doit écouter cette population. Le contrat a été rompu ; il lui appartient donc de le rétablir.

  • La réforme des retraites pour demain

Le constat que chacun de nous peut faire porte sur plusieurs points.

Le premier, auquel les Français sont très en majorité attachés est la mise en œuvre d’un même régime pour tous. En d’autres mots, une très large « unité » politique peut se dégager sur ce point : la suppression des régimes spéciaux. Ils ont été bâtis à partir d’une situation qui n’a plus rien à voir avec la vie en ce XXIe siècle (C’est le cas de la SNCF…) ; nous ne sommes plus au temps des locomotives à vapeur. Prenons en acte.

Par ailleurs, lâge de départ à la retraite. Il devient évident que la durée de vie s’allongeant, l’âge de départ à la retraite doit être reculé. Les conditions de travail se sont nettement améliorées au cours des dernières décennies, et c’est heureux. D’une manière générale, il est nécessaire d’en tenir compte. Par contre, il nous faudra aussi prendre en considération la pénibilité de certains métiers.

Des points seront accordés dès le premier enfant *

Quant au système par points, il ne peut être viable qu’à la condition que chacun puisse prendre sa retraite quand il le souhaite. Pourquoi « interdire » une vie professionnelle bien au-delà de l’âge légal de départ à la retraite ?

Le système par points doit garantir et favoriser cette liberté. Pour celui qui souhaite partir bien plus tôt, le futur retraité doit en

Les primes des fonctionnaires seront prises en compte *

accepter les conditions, notamment une pension moindre sans pouvoir prétendre aux aides sociales sur les minima sociaux (certaines dérogations doivent aussi être possibles pour prendre en compte « certains accidents de la vie ».). Dans le cas contraire, ce serait dangereux pour le système nouveau mis en place.

Depuis 20 ans les divers gouvernements (droite, gauche, ou ailleurs) ont tous tenté de réformer le régime des retraites… Sans succès. Il est vrai que le sujet est ardu, et qu’il a toujours été nécessaire que cette réforme soit partagée par le plus grand nombre de citoyens. Cette condition est indispensable et j’y adhère.

  • Passer de l’un à l’autre

Une annonce a été faite : on ne peut passer d’un système à l’autre brutalement. Comme ceci a pu être évoqué lors de la dernière campagne présidentielle, Il faut une période de transition, notamment dans l’objectif de supprimer les régimes spéciaux. C’est aussi l’occasion pour chacun des salariés de ces entreprises et de la fonction publique de faire librement, et en toute connaissance, le choix d’opter immédiatement pour le régime par points, en valorisant ce qu’il a déjà acquis durant sa carrière. Un fonctionnaire de 25 ans n’aura pas les mêmes motivations qu’un agent de la SNCF à deux ans du départ.

En conclusion

Rien n’est encore avancé comme date pivot avec décote *

Oui, la réforme des retraites doit être menée, au titre de l’égalité des Français face à la retraite, mais aussi en donnant à chacun la liberté de choix quant à la date du départ et en se confectionnant aussi librement son revenu.

Les premières pistes évoquées par la presse sont encourageantes*. Espérons que les organisations syndicales seront suffisamment majeures pour en discuter avec raison.

Alain Kerhervé

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